« Fenêtre sur nos Héros du Trébon »

En collaboration avec David Pinzon (photographe) et dans le cadre d’un projet financé par La Mairie d’Arles, l’EPACSA et 13 Habitat, nous présentions vendredi dernier des témoignages des habitants du Trébon (enfants, ados, adultes), récoltés lors des TAP, ATP ou lors d’interventions dans la rue.

 

Je me souviens lorsqu’ils ont commencé à construire le quartier en 1962.

Je me souviens que les HLM ont été construits pour l’arrivée des rapatriés d’Algérie.

Je me souviens des 500 logements, puis des 207 et de la Soléiade.

Je me souviens du jour où j’ai aménagé dans le 207.

Je me souviens quand j’y jouais aux statues musicales avec Tamara, Zina et Kylian.

Je me souviens quand je me suis cassée le bras en tombant de mon trampoline.

Je me souviens quand j’ai fait une bataille d’eau aux 500.

Je me souviens quand on a mangé un tacos en rentrant du cinéma.

Je me souviens avoir vu un pigeon décapité devant chez moi, j’ai eu peur parce que j’ai failli marcher dessus.

Je me souviens quand je me suis fait poursuivre par un chien. J’ai eu peur parce que ma mère a mis beaucoup de temps à m’ouvrir la porte.

Je me souviens quand j’ai vu un castor mort en bas de chez moi. Ça m’a fait mal au cœur.

Je me souviens avoir fait la roue dans l’escalier de l’immeuble de ma copine, c’était juste hier.

Je me souviens de mon deuxième déménagement au Trébon. Je suis passée du 207 aux 500. Je vis ici depuis tellement longtemps. Je m’y sens bien.

Je me souviens des bals du quartier, organisés par l’OPAC et la Mairie.

 

Je me souviens de la piscine Guy Berthier.

Je me souviens quand j’ai nagé pour la première fois.

Je me souviens quand je me suis cogné sur le bord.

Je me souviens quand je suis allée dans le grand bain et que j’ai faillis me noyer. Le maitre-nageur m’a sauvé avec un grand bout de bois.

Je me souviens quand j’ai fait le boulette canon.

Je me souviens quand j’ai pris un toboggan pour la première fois.

Je me souviens quand j’ai voulu plonger et que j’ai fait un plat. J’ai eu très mal.

Je me souviens quand j’ai appris à nager à ma nièce. J’étais très fière.

Je me souviens quand j’ai eu mon diplôme de piscine.

 

Je me souviens de l’école Brassens-Camus.

Je me souviens quand elle s’est faite cambriolée. On n’a pas eu cours.

Je me souviens quand ma mère m’a dit qu’elle me laissait aller seule à l’école. En fait, elle m’a suivi en voiture.

Je me souviens d’une sortie à vélo. Je ne savais pas en faire, je tombais tout le temps alors j’ai du rester avec la maitresse.

Je me souviens de l’ouverture de la Ludothèque.

Je me souviens quand ma sœur m’a accompagné à l’école en voiture. On a mis de la musique, c’était bien !

Je me souviens quand j’ai joué au loup dans la cours avec mon frère.

Je me souviens quand les enfants ont repeint les banc en béton avec Julie.

Je me souviens que j’étais trop un boucan à l’école et qu’ils m’ont refusé en classe neige.

Je me souviens qu’avant, il y avait un grand jardin devant.

Je me souviens qu’on s’amusait avec un rien.

 

Je me souviens du stade Véronique angelin.

Je me souviens quand on a perdu 8 à 3 au foot,

et que t’avais honte.

Je me souviens quand on a enlevé tous les filets du stade avec Eva et Dounia pour embêter les garçons.

Je me souviens quand j’ai bu du coca au stade. C’était y’a pas longtemps.

 

Je me souviens que le Mas Clairanne s’appelait Le Mas Charbonnier, avant ça Le Mas de la Mésange, et il parait même qu’il y a longtemps, c’était le Mas du Pendu.

Je me souviens quand on est allés au camping avec le centre social. Y’avait ma copine Cornelia.

Je me souviens quand je suis tombée à côté du Mas Clairanne, je me suis fait mal au ventre.

Je me souviens quand j’ai fait du vélo au parc à côté de la maternelle.

Je me souviens quand je me suis ouvert le bras au centre aéré. Je n’ai jamais eu aussi mal.

Je me souviens quand on est allés au Sauze avec le centre social. Ca, c’était il y a longtemps !

Je me souviens des ateliers de cuisine, nous allions dans un restaurant à Fontvieille prendre des cours, et une fois revenus au Mas Clairanne, nous refaisions  les recettes.

Je me souviens des parties de boules devant le Mas Clairanne, des courses de vélo et même des courses d’ânes !

Je me souviens de la gym avec Sandy et du flamenco avec Marie Carmen.

Je me souviens quand on a repeint le mobilier urbain avec Laurence et Emeline place Georges Gayet.

Je me souviens des fêtes de quartier avec les poésies récitée par les enfants, les concours de pétanque, les spectacles de marionnettes avec la compagnie de l’Ambre, les matchs de foot avec Ali, la chorale, la tombola, la musique, les expositions de peinture et la paëlla partagée.

 

 

Je me souviens des inondations de 93 et celles de 2003.

Je me souviens quand on nous a annoncé qu’il y aurait 25cm d’eau à cause de la brèche cassée et qu’on a eu 1m50 et beaucoup de dégâts matériels.

Je me souviens avoir été évacuée par les allemands.

Je me souviens de la grande solidarité qui s’est mise en place.

Je me souviens de la digue qui a été construite après les inondations.

Je me souviens de certains qui pillaient les maisons dans des barques.

Je me souviens avoir été logée à l’hôtel Atrium après les inondations, puis dans les mobil homes derrière la gare.

 

 

Je me souviens quand ils ont construit la maison centrale dans les années 80.

Je me souviens d’une tentative d’évasion de la prison le 28 novembre 2002.

Je me souviens qu’un détenu est mort et qu’ils ont rattrapé les autres sur la voie ferrée.

Je me souviens quand j’étais caissière à Leclerc.

Je me souviens de l’usine Lustucru et de sa fermeture en 2004.

Je me souviens de la colère des 146 salariés.

Je me souviens des manifestations et de l’occupation des lieux.

Je me souviens que je tenais avec mon mari une entreprise de métallurgie qui construisait des tapis de sel pour aigues mortes.

Je me souviens du déménagement du Leclerc en 2009.

Je me souviens avoir été la première à faire construire dans la zone industrielle nord.

Je me souviens de Romuald Duriez, vingt et un ans, abattu par la police d’une balle de magnum 357 calibre 38 dans la tête pour un vol de bouteilles de bière.

Je me souviens de la colère du quartier.

Je me souviens des émeutes après l’enterrement.

 

Je me souviens qu’il y avait un champ à la place du gymnase Jean François Lamour. Et dans le champ, une ferme abandonnée où allaient jouer les enfants.

Je me souviens que de temps en temps, un cirque s’y installait.

Je me souviens quand on grimpait dans les arbres.

Je me souviens qu’un enfant avait été fauché en allant chercher le lait à la ferme et qu’il y avait eu un délit de fuite.

Je me souviens quand on faisait du sport avec Akim au gymnase. On faisait du ping pong, du volley et de la boxe.

Je me souviens des gamins que j’ai connu petits comme ça qui sont maintenant des grand balèzes, mais toujours aussi affectueux avec moi.

Je me souviens des jeunes qui m’aidaient à monter les courses dans les escaliers.

Je me souviens quand j’ai déménagé des 500 à la Soleiade.

Je me souviens des carnavals, et surtout des costumes. J’ai déjà prévu celui de cette année. Je veux faire un gros cœur et je porterai mon t-shirt blanc. Le cœur, je ne veux pas le mettre sur la tête, je veux le porter dans mes mains.

Je me souviens quand on se retrouvait place Georges Gayet pour jouer aux billes, aux osselets, à la corde et à la marelle.

Je me souviens que mes parents sont arrivés au Trebon en 1963.

Je me souviens la première fois que je suis arrivée ici, je me suis dit que ça faisait un sacré changement.

Je me souviens avoir toujours connu le quartier comme ça.

Je me souviens de mon accident de voiture, la personne ne voulait pas faire de constat.

Je me souviens quand ils ont muré l’immeuble avenue Coty.

Je me souviens lorsqu’ils ont changé mon conteur électrique, je n’ai pas pu rentrer chez moi après être allé chercher le pain à cause de la coupure d’électricité.

Je me souviens quand ma bonne femme allait chercher le pain ! Maintenant c’est moi… Mais il faut bien que je fasse un peu ma part du boulot.

Je me souviens quand le quartier était plus convivial.

Je me souviens du jour où on a partagé une paëlla.

Je me souviens quand on buvait le café tard le soir dehors.

Je me souviens quand on jouait au ballon dans la rue, et que ça ne dérangeait personne.

Je me souviens qu’on était ensemble et qu’il y avait beaucoup de respect.